Monsieur le Président du Patronat,
Mesdames et Messieurs,
Pour atteindre ces performances économiques, l’État a pris plusieurs mesures phares pour promouvoir l’environnement des affaires. Il s’agit notamment de :
– L’association du secteur privé à l’élaboration des deux plans nationaux de développement 2012-2015 et 2016- 2020 ;
– L’instauration d’un dialogue fructueux avec l’État, par la création d’un comité de concertation Secteur publicSecteur privé ;
– La création d’une Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics (Anrmp) ;
– La création du Tribunal de Commerce puis de la Cour d’appel du Tribunal de Commerce ;
– La révision du Code des investissements et des Codes sectoriels ;
– L’apurement de la dette intérieure ;
– La création d’un Conseil National de Politique Economique (Cnpe) ancré au sein même de la Présidence de la République, auquel est étroitement associé le secteur privé et qui est chargé des questions de stratégies de développement;
– Le lancement d’un ambitieux programme de champions nationaux ;
– Et, enfin, la création récente d’un Ministère exclusivement dédié à la promotion de l’investissement privé.
Monsieur le Président du Patronat,
Mesdames et Messieurs,
S’il est établi que ces actions ont effectivement permis d’avoir des résultats exceptionnels, nous devons cependant veiller à ne pas nous endormir sur nos lauriers, ce qui inhiberait notre capacité à rêver et à aller encore plus loin. Comme l’a dit un penseur, le trop grand sentiment de sécurité des peuples est le signe avant-coureur de leur déclin. Gardons à l’esprit que le développement est comme une libération, il ne vient que là où l’intelligence, la clairvoyance, le courage et la persévérance parviennent à mordre sur la paresse, l’improvisation, le défaitisme et la fatalité. C’est pourquoi, même si tous les analystes s’accordent à reconnaître que notre pays recèle d’un potentiel de croissance parmi les plus importants au monde, nous devons admettre avec lucidité et humilité que le parcours est encore long. En effet, pour parvenir à notre ambition d’une prospérité accrue et partagée à l’instar des pays qui ont réussi leur transformation, il nous faudra maintenir une croissance soutenue de plus de 8% pendant au moins deux décennies, et pour cela, il nous reste encore à relever des défis majeurs. Il nous faudra, en effet, maintenir la paix et la sécurité, renforcer notre gouvernance et l’efficacité administrative, améliorer notre capital humain pour tirer tout le potentiel de notre dividende démographique, et par-dessus tout relever la compétitivité de notre économie afin de soutenir le secteur privé et générer une croissance inclusive et durable sur une longue période. Et ce sont justement cette ambition et l’impérieuse nécessité de relever ces défis qui ont conduit SEM. Alassane Ouattara à lancer l’élaboration de la stratégie pays 2020-2030. Et le thème de votre conférence « Environnement des Affaires : Quel modèle à privilégier pour le développement des Entreprises en Afrique ?» nous met au cœur même de nos travaux car nous nous sommes posé les mêmes questions : – Que faire de plus, de mieux, comment le faire et avec qui le faire ? – Garder notre modèle en l’améliorant ? Le changer ? Si nous nous contentons simplement de faire comme nous avons toujours fait jusqu’à présent, il n’est pas évident que nous puissions y arriver. Nous sommes donc allés plus loin, avec humilité nous avons revu tous nos schémas, en nous inspirant de modèles de pays dans le monde qui, au cours des trente dernières années, ont atteint des performances comparables à celles auxquelles nous aspirons. Deux exemples pratiques dans un pays nous ont particulièrement interpellés. Il s’agit du Vietnam. En 25 ans, les exportations de ce pays à destination des États-Unis ont été multipliées par 300, passant de 120 milliards FCfa à 36 000 milliards FCfa. Vous admettrez avec moi que ce ne sont pas les actions de quelques commerciaux d’entreprises privées, fussent-ils excellents, qui auraient permis seuls, d’atteindre de tels résultats. L’autre exemple concerne le secteur du riz. Les usiniers exportateurs de riz ont pu avoir accès, sous l’impulsion de l’État, à des financements de leur fonds de roulement, en devises et à des taux d’intérêt bonifiés extrêmement bas, leur donnant une compétitivité sans précédent. C’est véritablement l’action conjuguée d’un État conquérant et d’un secteur privé dynamique qui ont rendu possibles un tel exploit.
Monsieur le Président du Patronat,
Mesdames et Messieurs,
Les conclusions de nos travaux, tirées de multiples visites de terrain et d’examen de nombreux modèles, sont sans ambiguïté et nous conduisent à trois constats et leçons : a) Premièrement, le secteur privé est et doit rester le moteur de la croissance et l’indispensable réponse à nos défis b) Deuxièmement, l’État doit renforcer son rôle de promoteur, et bien plus, d’organisateur proactif du secteur privé, en particulier dans les secteurs jugés stratégiques et prioritaires ; c) Troisièmement, le secteur privé a dans ces pays, une forte composante de champions nationaux, qui ont été promus à travers une politique judicieuse et volontariste de l’État. Vos conclusions que nous endossons entièrement, et qui convergent, soulignent donc l’impérieuse nécessité d’instaurer une nouvelle alliance entre l’État et le Secteur Privé afin d’accélérer le développement de notre pays. C’est l’objet même de nos réflexions dans le cadre de la Stratégie Côte d’Ivoire 2030, qui proposera un nouveau pacte entre le public et le privé. Celui-ci induira un véritable changement, que vous avez appelé rupture, et qui permettra à notre pays d’aller deux fois plus vite et deux fois plus loin. Dans cette alliance nouvelle que SEM. le Président de la République appelle de tous ses vœux, il s’agira d’un changement absolu de paradigme, d’un changement profond de notre écosystème socio-économique, dans lequel une véritable transformation culturelle sera indispensable à la transformation structurelle de l’Économie. Cette responsabilité incombe à la fois à l’État, au secteur privé, et au-delà à notre société toute entière.
Monsieur le Président du Patronat,
Mesdames et Messieurs,
Encore une fois, notre ambition pour notre pays est de réaliser un second miracle ivoirien qui conduira les générations futures aux cimes du monde. Et comme l’adage le dit, on peut peut-être y arriver en allant seul mais pour aller loin, il faut y aller ensemble. Si donc, nous y croyons ensemble, si nous y travaillons ensemble, si nous persévérons ensemble, nous en sommes persuadés, the Sky is the limit.