Selon l’agence d’information financière et économique ecofin, la firme d’investissement CDG Capital fait savoir dans sa récente note d’analyse présentant les perspectives des sociétés cotées sur la Bourse de Casablanca que la limitation par la BCEAO des refinancements des titres publics présentés par les banques, risque de peser sur les revenus générés par les banques commerciales sur les opérations de marché.
La reflexion concerne surtout les groupes bancaires Attijariwafa Bank, premier collecteur de l’épargne en FCFA dans la sous-région, mais aussi BMCE Bank, maison mère du groupe Bank of Africa et BCP groupe parent de Banque Atlantique. Bien que cotées sur le marché financier marocain, ces trois institutions constituent collectivement le pool bancaire le plus important de l’UEMOA.
La Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) avait en effet adopté le principe du financement de ses Etats membres, via un processus de marché des titres, ce qui a conduit à un boom des émissions de titres publics, soit sur le marché monétaire (emprunts à court terme), soit sur le marché des obligations (emprunt à plus d’un an).
Pour les banques, c’était des revenus faciles et surtout défiscalisés. Progressivement, les placements sur les titres publics ont commencé à constituer une part importante et croissante de leurs activités, dans un contexte toujours marqué par l’asymétrie des informations avec des emprunteurs privés et non-financiers.
Depuis 2017, la banque centrale a pris une mesure limitant le refinancement de ces titres publics, qu’à hauteur de 200% des fonds propres des banques. Si des banques possèdent des titres qui excèdent ce plafond, elles pourraient ne pas être refinancées pour le surplus durant le même exercice.
La BCEAO avait de bonnes raisons de prendre cette mesure. Ses responsables ont défendu le besoin de pousser les banques à utiliser le pouvoir de création de la monnaie pour accompagner des entreprises productrices, des ménages et autres acteurs non-financiers. Mais, avec l’entrée de nouvelles règles prudentielles liées à l’application de Bâle II et Bâle III, pas sûr selon les analystes, que cet objectif soit atteint.
Les contraintes sont pourtant importantes pour la BCEAO. Elle s’était retrouvée en juillet 2015 à refinancer les titres publics au delà de la limite de 35% des recettes fiscales des pays de l’Union, au cours de l’année précédente. Les banques commerciales semblent devoir choisir entre deux possibilités, soit elles renforcent leurs fonds propres, soit elles limitent leurs engagements sur ces produits.