Dans son dernier rapport (avril 2020) sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne intitulé « Covid-19 : une menace sans précédent pour le développement », le Fonds monétaire international (FMI) anticipe une contraction de 1,6 % de l’économie de la région pour cette année. Ce qui constitue selon l’institution, « le pire résultat jamais enregistré », et une révision à la baisse de 5,2 points de pourcentage par rapport à ses prévisions d’octobre 2019.
Cette forte révision à la baisse des perspectives de croissance de l’Afrique subsaharienne s’explique en grande partie par les conséquences de la propagation du covid-19 et des cours des produits de base inférieurs aux prévisions.
En outre, des facteurs spécifiques tels que des contraintes structurelles permanentes observées dans certains pays tels que l’Afrique du Sud, l’ajustement de la politique économique en Ethiopie, ainsi que des chocs climatiques et autres chocs naturels comme l’invasion de sauterelles en Afrique orientale ont également contribué à ces révisions à la baisse.
Toutefois, les conséquences économiques de l’épidémie de covid-19 et la faiblesse des cours des produits de base devraient être très marquées dans les pays dont les économies sont moins diversifiées. Ainsi, relève le FMI, dans les pays exportateurs de pétrole, une croissance de 1,8 % en 2019 devrait faire place à une contraction de 2,8 % en 2020, soit 5,3 points de pourcentage de moins que prévu en octobre 2019.
Au Nigeria, la plus grande économie de la région, il est prévu une contraction de 3,4 %, principalement due à l’effondrement des cours du pétrole et à l’impact des mesures d’endiguement et d’atténuation sur l’activité économique.
Les autres pays riches en ressources naturelles devraient voir leur croissance reculer d’environ 5,0 points de pourcentage, de +2,3 % à -2,7 %. En Afrique du Sud par exemple, les perturbations entraînées par les mesures d’endiguement et d’atténuation et la baisse de la demande extérieure devraient aggraver les contraintes structurelles existantes, avec une croissance de 0,2 % en 2019 faisant place à une contraction de 5,8 % en 2020.
Dans les pays pauvres en ressources naturelles, la croissance devrait tomber de 6,2 % à 2,0 %. Les pays dépendant du tourisme (Cap-Vert, Comores, Gambie, Maurice, Sao Tomé-et-Principe, Seychelles) devraient subir un grave retournement, le PIB se contractant de 5,1 % en 2020 après une croissance moyenne de 3,9 % en 2019.
L’institution de Bretton Woods note cependant qu’une remontée de la croissance régionale à environ 4 % devrait être attendue en 2021. Et même dans l’hypothèse selon laquelle cette reprise relativement rapide se concrétise, la pandémie de covid-19 entraînera des pertes de production élevées et persistantes.
En 2024, le FMI estime même que le PIB par habitant serait d’environ 4,5% inférieur aux projections de l’avant covid-19.
Au niveau mondial, la croissance devrait s’effondrer passant de 2,9 % en 2019 à une contraction de 3,0 % en 2020, soit un repli bien pire que lors de la crise financière mondiale de 2008-2009.
Source :Ecofin