La Banque Mondiale a publié en 2020 un document intitulé « EFFETS ECONOMIQUES ET DISTRIBUTIONNELS DE LA ZLECAF » dans lequel elle présente les enjeux liés à la mise en œuvre de la Zone de Libre Echange Africain. Dans cette partie les experts de la Banque Mondiale présentent l’impact Macro-économique de la ZLECAF.
ABSENCE L’HETEROGENEITE DES IMPACTS ENTRE LES PAYS
Les gains de revenu réel résultant de la mise en œuvre intégrale de la ZLECAf pourraient augmenter de 7% d’ici 2035, soit près de 450 milliards de dollars US (aux prix de 2014 et aux taux de change du marché). Mais les chiffres agrégés masquent l’hétérogénéité des impacts entre les pays et les secteurs. À l’extrémité très élevée se trouvent la Côte d’Ivoire et le Zimbabwe avec des gains de revenu de 14 % chacun. À l’extrémité inférieure, quelques pays enregistreraient des gains de revenus réels d’environ 2 %, notamment Madagascar, le Malawi et le Mozambique.
La libéralisation tarifaire à elle seule est faible, environ 0,2 % au niveau continental, même si certains pays enregistreraient des gains de plus de 1 %. Les obstacles au commerce africain sont largement imputables aux coûts élevés de ce commerce. En conséquence, les gains les plus importants proviendraient de la réduction des obstacles non tarifaires et de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange. Dans le cadre de la libéralisation tarifaire combinée et de la réduction des obstacles non tarifaires, le gain de revenu réel serait s’élèvent à 2,4% en 2035 au niveau continental. Le plus gros coup de pouce surviendrait de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange, ce qui augmenterait les gains pour les membres de la ZLECAf à 7% du revenu.
AUGMENTATION DES EXPORTATIONS INTRA-ZLECAF
La ZLECAf stimulerait considérablement le commerce africain, en particulier le commerce inter-régional dans la fabrication. Le volume des exportations totales augmenterait de près de 29 % d’ici 2035 par rapport au scénario de référence. Les exportations intracontinentales augmenteraient de plus 81 %, tandis que les exportations vers les pays non africains augmenteraient de 19 %. Les exportations intra-ZLECAf vers les partenaires de la ZLECAf augmenteraient particulièrement et rapidement pour le Cameroun, République arabe d’Égypte, Ghana, Maroc et Tunisie, avec des exportations doublant ou triplant par rapport au niveau de référence. Dans le scénario de la ZLECAf, les exportations manufacturières gagneraient le plus, 62% au total, avec une augmentation du commerce intra-africain de 110 % et les exportations vers le reste du monde en hausse de 46 %. De plus petits gains seraient observés dans l’agriculture : 49 % pour le commerce intra-africain et 10 % pour le commerce extra-africain. Les gains dans le commerce des services sont plus modestes – environ 4 % au total et 14 % en Afrique.
CERTAINS SECTEURS ECONOMIQUES MIEUX LOTIS.
L’accord ZLECAf stimulerait également la production et la productivité régionales et conduire à une réaffectation des ressources entre les secteurs et les pays. D’ici 2035, la production totale du continent dépasserait de près de 212 milliards de dollars US, la valeur de référence. La production augmenterait le plus dans les ressources naturelles et les services (1,7%), le secteur manufacturier enregistrant une hausse de 1,2%. Mais la production agricole se contracterait de 0,5 % (par rapport au scénario de référence en 2035) au niveau continental. En termes absolus, la plupart des gains seraient réalisés par le secteur des services (147 milliards de dollars US), avec des gains plus faibles dans le secteur manufacturier (56 milliards de dollars US) et les ressources naturelles (17 milliards de dollars EU). D’ici 2035, la production agricole diminuerait de 8 milliards de dollars US par rapport au scénario de référence. Par rapport au scénario de référence en 2035, l’agriculture croît plus rapidement dans toutes les régions de l’Afrique, à l’exception de l’Afrique du Nord, qui, dans le cadre de la ZLECAf, se déplace vers la fabrication et les services.
Les chiffres agrégés masquent cependant l’hétérogénéité des impacts entre les pays et secteurs. 90 pour cent des pays verraient leur volume de services augmenter dans le cadre de la ZLECAf, reflétant en partie la demande accrue de services à mesure que l’économie africaine se développe. De même, 60 % des pays verraient augmenter la valeur de leur production de produits agricoles et manufacturiers.
PEU DE CHANGEMENT AU NIVEAU DES RECETTES FISCALES
L’impact à court terme de la ZLECAf sur les recettes fiscales est faible pour la plupart des pays. Les recettes tarifaires diminueraient de moins de 1,5 % dans 49 pays sur 54. Le total des recettes fiscales diminuerait de moins de 0,3% dans 50 pays sur 54. Deux facteurs expliquent ces faibles impacts sur les revenus. Premièrement, seule une petite part des recettes tarifaires provient des importations en provenance des pays africains (moins de 10 % en moyenne). Deuxièmement, les listes d’exclusion peuvent protéger la plupart des recettes tarifaires de la libéralisation car ces recettes sont fortement concentrées dans quelques lignes tarifaires (1 % des lignes tarifaires représente plus des trois quarts des recettes tarifaires dans presque tous les pays africains). À moyen et long terme, les recettes tarifaires augmenteraient de 3 % d’ici 2035 par rapport au niveau de référence à mesure que les importations augmenteraient et que la libéralisation tarifaire s’accompagnerait d’une réduction des barrière non tarifaire et de la mise en œuvre de mesures de facilitation des échanges.