«Rôle de la BCEAO dans le développement du secteur privé dans l’UEMOA :Bilan et perspectives » était la thématique développée par le Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ce 1er mars 2018, lors la deuxième édition de la plateforme d’échanges entre le secteur privé et les acteurs de l’écosystème économique ou politique.
Au cours de cette plateforme dénommé ‘’ Ti’ Dej’ du Patronat ‘’, tenue à la Maison de l’Entreprise à Abidjan-Plateau, Tiémoko Meyliet Koné n’est pas allé du dos de la cuillère à l’entame de ses propos. L’hôte de la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) a relevé que les missions d’une banque centrale ne sont pas directement liées au développement du secteur privé mais de contribuer, entre autres, à la mise en place d’un cadre macroéconomique pour permettre aux huit économies de l’UEMOA d’évoluer de manière générale, de définir la politique monétaire, de veiller à la stabilité du système bancaire… Toutefois au regard de son rôle de stabilisateur du système monétaire de l’union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), la BCEAO a mené plusieurs chantiers accrus depuis des décennies en vue d’améliorer justement le financement du secteur privé. Au nombre de ces chantiers, Tiémoko Koné a fait allusion à la contribution de la BCEAO à la création de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), l’institution commune de développement des économies de l’UEMOA. « Elle apporte des crédits au secteur public ainsi qu’au secteur privé. Au fil des années, la BCEAO a tenu à joué son rôle d’actionnaire de référence de la BOAD en lui apportant des soutiens financiers substantiels », révèle le conférencier dans son propos liminaire.
Intervenant sur la question liée au développement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et la problématique récurrente de financement à laquelle elles sont confrontées, le Gouverneur de la BCEAO a d’abord expliqué le rôle moteur de cette composante de l’économie de l’UEMOA. « En fonction des pays concernés, la composante PME représente parfois 95% des entreprises recensées », fait-il savoir en ajoutant par ailleurs que les PME constituent les premiers pourvoyeurs d’emplois en milieux urbains. « Les PME contribuent à 12% du PIB en Côte d’Ivoire » a affirmé le conférencier qui reste convaincu que les défis de financement auxquels ces entreprises sont confrontées pourraient trouver solutions auprès des institutions bancaires si elles sont mieux organisées en groupements. Mais surtout pour lui, il faut que les PME intègrent dans leur vision de développement une politique liée à la formation du personnel.
Revenant sur le cadre général de l’évolution du secteur privé, le conférencier s’est réjoui de son dynamisme en Côte d’Ivoire. « Le secteur privé est l’un des plus dynamiques et des plus diversifiés de la Sous-région ; En 2017, il a constitué près de 77,9 % du Produit Intérieur Brut (PIB) consacrant près de 70 % de l’investissement et près de 75% du crédit bancaire », dixit Tiemoko Koné.
Dans le cadre des échanges qui ont suivi les propos liminaires du conférencier, ce dernier s’est prononcé sur la création d’une monnaie unique en 2020 telle que réaffirmé récemment par la Task Force présidentielle. « Avec la monnaie unique, il y aura une facilité de paiement, une fluidité dans les transactions… Pour le moment la mise en place d’une monnaie unique n’a que des aspects positifs », a souligné M. Koné.
Sans ambages, celui-ci a tenu à dissiper toutes les inquiétudes autour d’un quelconque spectre de la dévaluation du Franc CFA qui planerait au- dessus des économies qui ont en commun l’usage de cette monnaie. Cette inquiétude de dévaluation du Franc CFA liée à l’instabilité économico-politique dans la zone CEMAC et la baisse des cours du pétrole, principal produit rentier de certaines puissances économiques de la Zone devrait selon les propos du conférencier disparaître peu à peu du fait des programmes d’ajustement dans lesquels ces pays se sont engagés. De plus, le Gouverneur de la BCEAO a soutenu avec fermeté que la zone UEMOA a des fondamentaux solides auxquels s’ajoute sa croissance économique annuelle autour de 6%. « Il n’y aura pas de dévaluation du Franc CFA », a assuré M. Koné.
Le Conférencier s’est également penché sur la question de la monnaie électronique. Il a rassuré son auditoire sur le monitoring opéré par son institution et tous les textes règlementaires qui encadrent désormais l’activité des émetteurs de monnaies électroniques. Pour autant, Tiémoko Koné a exprimé son hostilité face à la crypto monnaie qui, pour lui, constitue un risque à éviter du fait de son instabilité chronique.
Au terme des échanges, le Président de la CGECI, Jean Marie-Ackah, a remercié le conférencier pour la qualité des échanges mais surtout pour avoir donné des réponses aux préoccupations du secteur privé ivoirien. Un livre d’or a été signé par le conférencier à qui il a été offert une sculpture d’art.