Dans le domaine de l’enseignement supérieur et donc de la professionnalisation des universités et des Grandes Ecoles, des progrès, sans doute à parfaire, ont été réalisés ces dernières années (Participation du Secteur Privé aux conseils de gestion des universités, participation à certains jury d’examens élaboration conjointe de curricula, de formations spécialisées, mise en place du système LMD, stages de formation, restructuration des Brevets de Techniciens supérieurs, etc… )
Pour ce qui est particulièrement du domaine de la recherche, le Patronat ivoirien, à travers la Commission Paritaire de suivi et d’évaluation de la réforme de l’Enseignement Supérieur présidée par la CGECI, a institué depuis environ une dizaine d’années, le Prix du Patronat de la Recherche et de l’Innovation dont la dotation budgétaire est de 40 millions FCFA, soit environ 61.000 €. Il a financé depuis lors, divers projets de recherche, au nombre au total de trente-cinq (35) soit en moyenne 7 prix par édition pour un montant total de 159 millions FCFA. Il est vrai qu’on est bien loin du budget consacré à la recherche, dans le domaine agricole, par le FIRCA qui se chiffre en des milliards de FCFA, voire celui d’une société comme NESTLE.
Il faut, à la décharge du Patronat, indiquer qu’il n’est qu’un syndicat d’employeurs qui vit des cotisations de ses membres, lesquels pris globalement participent à plus de 80% au financement du Budget de l’Etat. De plus, il ne s’agit pas, à proprement parler, du financement des besoins du Patronat, mais, un encouragement voire une contribution, sans doute, modeste, au financement des travaux de recherche de nos chercheurs. L’idéal est que, de concert avec le Secteur privé, la valorisation de ces travaux puisse être effective.
En dehors de ce prix, les activités concrètes du monde de la Recherche et de l’innovation sont limitées à la formation relative à la formalisation des brevets d’invention voire à la participation aux SEPRI (semaines de la promotion de la Recherche & de l’innovation).
La valorisation des produits de la recherche voire le financement de la Recherche par le Secteur Privé sont encore insuffisantes et donc faibles.
Le Monde de la Recherche et celui des Entreprises continuent à évoluer en vase clos, en dépit de la volonté de la Commission Paritaire de jouer les bons offices entre ces deux mondes. Les rares laboratoires de recherches des entreprises du Secteur Privé ( Unilever, Sifca, Bayer, Cosmivoire, Nestlé, Parfumerie Gandhour etc..) sollicitent peu les chercheurs, tandis que les produits de la recherche restent inconnus des entreprises, faute de vulgarisation ou mieux de vulgarisation suffisante.
Cette situation pénalise l’économie ivoirienne. En effet, les faiblesses de notre économie et donc de nos industries en lien avec les activités de Recherche Scientifique demeurent :
- la Valorisation des acquis ou produits de la Recherche
- surtout, l’insuffisance d’innovation technique et technologique.
Or, chacun le sait, l’innovation, pour une entreprise, est un moyen d’atteindre ses objectifs stratégiques, d’améliorer sa compétitivité, de se différencier de ses concurrents et de créer de la Richesse.
En effet, l’innovation accroit la productivité (augmentation de la production avec les mêmes intrants et le même effectif), le progrès technique et donc la croissance du chiffre d’affaires voire des résultats des entreprises. Par ailleurs, l’amélioration de la productivité se traduit par un accroissement de la production des biens et services et induit, par voie de conséquence, la croissance de l’économie.
Au surplus, le rapport 2019 de la Banque Mondiale consacré aux Pays en développement, dont la Côte d’Ivoire, mentionne en des termes dépourvus d’ambiguïté que « l’innovation et la technologie agricoles sont la clé de la réduction de la pauvreté ». Elle encourage, par conséquent, les pays en développement à accroître l’innovation agricole et la technologie par les agriculteurs pour éliminer la pauvreté. Il faut trouver de nouvelles technologies pour améliorer les moyens de subsistance en milieu rural.
Ce rapport s’inscrit dans une tendance générale selon laquelle par la stimulation de l’innovation et donc, la productivité, il est possible de créer, aussi bien dans le domaine agricole qu’industriel, des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, d’être compétitif en termes de prix, de conquérir de nouveaux marchés, en somme de booster le développement économique d’un pays. C’est dans cette voie que devra s’engager la Commission Paritaire pour les années à venir.
Perspectives
Les deux pôles moteurs du développement d’un pays, à savoir :
- L’Enseignement Supérieur & la Recherche Scientifique et
- le Secteur Privé,
Réunis au sein de la Commission Paritaire, ces pôles doivent créer une synergie pour impulser une nouvelle dynamique de développement économique et social durable en Côte d’Ivoire.
Pour ce faire, l’accent sera particulièrement mis au cours des prochaines années sur :
- La promotion et la valorisation des résultats de la recherche et, particulièrement, la valorisation des résultats à des fins de développement économique, social et culturel ;
- La promotion de la recherche appliquée ou finalisée, celle qui correspond aux besoins du Secteur Privé, puisqu’elle est suivie de transfert de technologie vers le secteur industriel et/ou agricole et apporte une réponse aux problématiques de l’agro-industrie, de l’industrie, de la sécurité alimentaire, la sécurité en eau, de la lutte contre la pauvreté, de la santé humaine et animale, de l’énergie, de l’environnement, de l’innovation technologique, de la bio-technologie etc…) ;
- L’encouragement à l’innovation, de manière, pour le Secteur privé, à anticiper plus rapidement les changements du Marché pour tirer profit des opportunités industrielles et commerciales qui se présentent aux entreprises pour créer de la Richesse profitable à tous. Il est clair que, dans une économie mondialisée et concurrentielle, sans innovation les entreprises du Secteur Privé courent au déclin sinon à la ruine.
C’est dans le cadre des actions ci-dessus énumérées que le Secteur Privé pourra, sans aucun doute, mobiliser les ressources financières nécessaires pour soutenir la Recherche Scientifique dans notre pays.
Le Secteur Privé est bien conscient qu’il existe une corrélation évidente entre le niveau de développement d’un pays et la part de son PIB consacrée à la Recherche & Développement. Il sait également que les pays développés sont ceux qui consacrent 3 à 4% voire plus de leur PIB à la recherche Développement et que la part du secteur Privé est souvent supérieur aux 2/3 du PIB consacré à la Recherche (Corée du Sud, Japon, Suisse, Israel, Finlande etc…) et non moins de 0,5%, (0,35% pour la CI) comme c’est le cas actuellement, alors que le Plan d’action de Lagos a recommandé, depuis 1980, aux pays de l’OUA ( aujourd’hui UA) de consacrer 1% de leur PIB au financement de la Recherche. En vain, à ce jour. Je puis vous assurer, pour terminer, que le Secteur Privé n’a aucune raison de se dérober à sa mission si, bien évidemment, ses intérêts sont pris en compte.