« La Côte d’Ivoire à l’ère des robots et de l’intelligence artificielle ». C’est le thème des « Entretiens de Yamoussoukro » qui a réuni le jeudi 13 juin 2019 à l’hôtel Président dans la capitale politique ivoirienne au centre du pays, les acteurs du développement économique, à l’initiative du Gouverneur du District Autonome de Yamoussoukro, Augustin Thiam et d’autres partenaires dont la Confédération Générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) qui était représentée à cette tribune par l’un de ses Vice-présidents, M. Philippe Eponon.
En souhaitant la cordiale bienvenue à ses hôtes, le Gouverneur de la ville leur a exprimé sa gratitude. « Le choix de Yamoussoukro pour abriter ces entretiens n’est pas fortuit », a-t-il lâché. Ces entretiens se veulent les rendez-vous de l’excellence. « Notre District se veut terre de l’espérance. Nous voulons lui permettre de continuer à jouer le rôle que lui a dévolu son illustre bâtisseur, Feu le Président Félix Houphouët-Boigny », a-t-il expliqué. En effet, de par sa situation géographique, cette ville était un haut lieu de passage ethnique et culturel. La ville est aussi un pôle de formation et de promotion de l’excellence avec son lycée scientifique, son école nationale polytechnique où sont regroupées les cinq plus grandes écoles d’ingénieurs de Côte d’Ivoire. « Les Entretiens de Yamoussoukro » ambitionnent de créer un format unique d’expression et un lieu de rendez-vous exceptionnel, où vont se succéder des dirigeants de premier plan, de grands entrepreneurs, des experts reconnus, venus du monde entier pour apporter leurs idées, secouer le politiquement correct, éveiller les consciences, dépoussiérer les vieux débats et allier alliant l’excellence à la simplicité et l’intelligence à la convivialité. Ainsi, le thème de cette première réunion revêt un intérêt plus particulier à ses yeux. Il appelle quelques pistes de réflexion et de questionnements liés aux défis actuels de l’avenir auxquels notre pays va être confronté.
Il a formé le vœu de voir toutes les réflexions et conclusions auxquelles aboutiront les travaux contribuer à l’avenir et à l’avancée de la Côte d’Ivoire et du monde sur la voie du progrès et du développement. Pourquoi Yamoussoukro ne deviendrait-elle pas la silicon valley de la Côte d’Ivoire voire de l’Afrique ?, s’est-il interrogé. « Soyons ambitieux, rêvons grand ! ». C’est sur cette note, pleine d’espoir qu’il a clos ses propos.
Ayant participé en qualité d’orateur aux « Entretiens de Royaumont » en France en novembre 2018 sur le thème « Etre une femme », M. Augustin Thiam a voulu s’en inspirer en dupliquant le modèle qui a donné « Les Entretiens de Yamoussoukro ».
Jérôme Chartier
Jérôme Chartier, fondateur des « Entretiens du Royaumont », qui existent depuis 2003, invité à cette tribune, s’est dit heureux de voir que l’initiative des Entretiens se déporte à Yamoussoukro, ville chargée d’histoires, l’histoire d’une tradition non seulement mais l’histoire d’une personnalité, celle de Feu le Président Félix Houphouët-Boigny, qui donne toute sa dimension à un débat d’intelligence, un débat de réflexion, un débat de fond, à la fois avec des personnalités de Côte d’Ivoire, de France et de différents endroits du monde pour mener la réflexion sur le devenir de l’intelligence artificielle et de la place du robot non seulement dans l’entreprise mais dans la vie de tous les jours.
Sur le thème de la rencontre, il a salué le gros partenaire de l’événement, le groupe Orange, et a invité aussitôt le PDG de la maison de télécommunications à prendre la parole pour partager son analyse sur l’évolution de place de l’intelligence artificielle dans la société et sur le devenir des robots, les technologies qui font que les robots deviennent de plus en plus autonomes. Sur la question est-ce que le robot remplacera l’homme qui se trouve sur toutes les lèvres, la religion de M. Chartier est faite. Le robot ne remplacera jamais la créativité humaine, jamais la capacité de l’innovation d l’homme.
En revanche, se poser la question sur la façon dont l’intelligence artificielle va prendre la place de l’homme dans l’entreprise, le jour où le robot arrivera à faire tant de choses, voilà toutes les raisons pour lesquelles il fallait un éclairage très particulier, stratégique et technique de Stéphane Richard.
« Lorsque le progrès le plus fantastique est à nos portes ».
C’est autour de cette question que s’est axée la conférence inaugurale du Président Directeur Général de Orange, M. Stéphane Richard. Il pense que de la même manière que cela a été fait avec l’intégration du mobile sur le continent, l’évolution de l’intelligence artificielle en Afrique sera très différente de ce que connaitront les pays de l’occident notamment en Europe. En 2000, a-t-il rappelé, -2% de la de la population africaine d’un accès aux télécoms. Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, ce taux dépasse les 60% et on peut dire que l’Afrique l’a réalisé en 15 ans ; ce que la France a accompli en 85 ans.
Même si l’intelligence artificielle apparait comme un nouveau sujet pour les africains, Stéphane Richard lui, pense que les outils qui vont permettre son développement sont déjà en place. Le premier de ces outils ce sont les infrastructures. Sans Internet, sans connectivité, pas de données, on ne peut parler d’intelligence artificielle. Alors que dans ce domaine, se souvient-il, des progrès ont été faits.
Le deuxième point fait appel à la question des terminaux, terminaux intelligents et accessibles. A ce niveau, il faut une démocratisation des applications lourdes en termes de capacités. D’autant plus qu’il informe qu’en 2021, on aura un milliard de personnes connectées, l’équivalent d’un smartphone par habitant. L’on estime que ces données en 2022 vont être multipliées par quinze. Dans le domaine de la monnaie électronique par exemple, l’Afrique a connu une croissance exponentielle de ce service. Aujourd’hui 70% des utilisateurs de la transaction électronique proviennent de l’Afrique.
PDG Orange
Pour lui, l’intelligence artificielle est une extraordinaire opportunité pour améliorer le quotidien des populations. Aujourd’hui en Afrique, les outils de l’intelligence artificielle aident dans le domaine l’agriculture les producteurs à améliorer leur rendement, leur productivité, leur exploitation, à réduire l’utilisation des produits chimiques à partir d’informations sur le cours des matières premières. Dans le domaine de l’éducation, on note le système d’apprentissage en ligne, offre d’éducation à des personnes dans des zones reculées. La santé en bénéficie également. L’opportunité pour le continent africain avec l’intelligence artificielle est de construire un modèle qui soit lui soit adapté, a-t-il précisé.
Naturellement, a-t-il avoué, il y a des risques qui sont liés à cette technologie. Le premier risque, ce sont les hommes. Parce que l’IA dépend d’abord de l’homme, apprend « de nos comportements ». Il a déploré que la grande majorité des experts se trouve en Amérique du nord, en Asie, un peu en Europe et très peu en Afrique. Par rapport à ce risque dû au manque d’Universités sur l’IA, l’Afrique doit s’approprier cette révolution technologique. C’est le moment, a-t-il indiqué, de réfléchir à une stratégie panafricaine dans ce domaine avec des objectifs ambitieux à l’industrialisation de l’intelligence artificielle. Il va donc falloir encourager l’apprentissage de l’intelligence artificielle. Il s’est dit fier de l’inauguration de la prochaine data center qui s’inscrit dans cette dynamique.
Un autre défi reste à relever. Celui du contrôle des données. Car avec l’IA, les données vont devenir un enjeu essentiel. « Je suis convaincu que l’intelligence même sera toujours très profondément différente de l’intelligence artificielle. Les robots n’auront jamais de sentiments, ils n’auront jamais de conscience. C’est surtout de voir la complémentarité entre les deux. Réfléchir aux sociétés du futur, définir un cadre et des règles qui permettront de tirer un meilleur profit de la technologie pour les populations qui en ont le plus besoin surtout celles en Afrique », avait-il résumé.