En marge du TAC 8 (Traité d’Amitié et de Coopération), s’est tenue le Mardi 30 Juillet à Ouagadougou au Burkina Faso, la deuxième édition du forum d’affaires Ivoiro-Burkinabè qui a réuni environ 500 entreprises ivoiriennes et Burkinabè. La Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) était représentée à son plus haut niveau par son Président M. Jean-Marie ACKAH, et deux Vice-Présidents, M. Philippe EPONON et Mme TOURE Massogbè.
En présence des deux premiers ministres, le ministre ivoirien du commerce, de l’industrie et de la promotion des PME, M. Souleymane DIARRASSOUBA, à la suite de son homologue Burkinabè a donné quelques chiffres sur les échanges entre les deux pays. L’on retient que les échanges entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso représentent 40% des échanges globaux de l’espace UEMOA avec un volume de près de 347 milliards de FCFA en 2017.
L’un des points culminant de ce forum fut les débats autour des deux panels dont les sujets ont passionnés les chefs d’entreprises. Le panel sur les grands projets structurants a tenu toutes ses promesses. Autour du thème « Projets structurants entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire : quels apports du secteur privé ? ». Les panelistes ont passé en revue l’ensemble des projets structurants des deux pays : Autoroute Abidjan-Ouaga avec les différents tronçons (Yamoussoukro-Bouaké, Bouaké-Ferké, Ferké-Frontière du Burkina, Frontière Burbina- Bobodioulasso et Bobo-Ouaga), les Mines, le transport aérien, les ports, les zones économiques, les voies ferrées, etc.
Le constat est cependant amer pour les entreprises privées des deux pays. Sur tous ces tronçons, aucun marché ne revient aux entreprises des deux pays. Leurs homologues chinoises, françaises, marocaines et tunisiennes se partagent ces marchés dont le montant global dépasse les 1000 Milliards de FCFA. Pire encore, ces chantiers sont financés par les emprunts que les Etats respectifs devront rembourser. En plus, les gouvernements de ces deux pays apportent surtout et avant tout la garantie d’Etat aux financements en question.
Ces investissements lourds et à caractère social échappent ainsi aux entreprises locales pourtant capables de les réaliser si la garantie d’état leur est acquise. Ces projets structurants liant la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso issus du TAC7 de Yamoussoukro, montrent si besoin était l’absence des entreprises privées nationales (Burkinabè et Ivoiriennes) à fortiori les PME dans l’exécution de ces travaux.
Comment impliquer le secteur privé ?
Celui qui finance impose donc ses entreprises. C’est à ce niveau qu’il faut décanter la situation avec nos dirigeants si les secteurs privés des deux pays veulent bénéficier de ces travaux et apporter leur contribution au développement de leurs pays. M. Philippe EPONON, Vice-Président de la CGECI, fortement applaudi par la salle à chacune de ces interventions sur le sujet, a assené les vérités : « Nos Etats doivent s’inscrire résolument dans le cadre salutaire et courageux de l’inclusion de nos entreprises dans ces travaux de longs termes. Confier ces projets aux entreprises locales est possible, et même déjà fait en Côte d’Ivoire avec EBOMAF et Bien d’autres. J’espère que le Burkina Faso en fera de même avec les entreprises ivoiriennes. Il faut de la volonté politique clairement assumée». En effet, la Côte d’Ivoire s’est déjà portée garant du financement de l’entreprise EBOMAF (Burkina Faso) pour exécution d’un marché portant sur la construction de 224 km d’infrastructures routières en Côte d’Ivoire pour 179,73 milliards FCFA. Cette société avait déjà effectué en 2015 des travaux de réhabilitation de la route Ferkessédougou-Kong, dans le Nord.
Un fait de taille, les experts des deux pays, essentiellement issus du secteur public, se réunissent avant la tenue de chaque TAC, pour plancher sur les nouveaux projets et sur les niveaux de réalisation des anciens projets structurants et tenter de lever les blocages. L’absence du secteur privé dans ce lieu de proposition a été soulevée par M. Yao Germain, de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI) qui a suggéré aux experts de se faire le porte-parole du secteur privé et traduire la volonté du secteur privé.
Le panel sur le thème « Développement d’alliances stratégiques entre entreprises burkinabè et ivoiriennes: Opportunités et défis », a permis aux panelistes dont M. KOUASSI Parfait, premier Vice-Président de la CCI-CI d’expliquer la nécessité de la coentreprise Burkina-Cote d’Ivoire pour être plus fortes et plus performantes. Il soutient que ‘’ Les alliances entre les entreprises des deux Erats sont désormais cruciales et hautement stratégiques sur les marchés des deux pays et sur les marchés sous régionaux » .
Il faut noter que ce forum vise principalement d’une part, à renforcer les liens de coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso et d’autre part, à favoriser les échanges entre les opérateurs économiques des deux pays pendant les rencontres de réseautage qui y sont organisées. La septième Conférence au Sommet du TAC a eu lieu à Yamoussoukro, du 23 au 27 juillet 2018. La huitième Conférence au Sommet du Traité d’Amitié et de Coopération entre la Côte D’Ivoire et le Burkina Faso (TAC8) s’est tenue, du 25 au 31 juillet 2019 à Ouagadougou.