Hamed TRAORE, Directeur Exécutif du Groupement Ivoirien du Bâtiment et des Travaux Publics (GIBTP) livre la vision de son Organisation sur les Apprentissages de qualité afin d’en comprendre les bénéfices dans le secteur du BTP. C’était au détour d’une formation par visioconférence organisée récemment par le Centre International de Formation de l’OIT en partenariat avec le Patronat du Burkina Faso (le CNPB). Un entretien accordé à un Journaliste.
Pourquoi conseillerez-vous à une entreprise du secteur du BTP de participer à un programme de formation / d’apprentissage ?
Dans cet échange croisé avec le CNPB, nous avons relevé que le problème de la ressource humaine qualifiée et de qualité dans le secteur du BTP en Côte d’Ivoire demeure le même que celui du Burkina Faso. Le secteur du BTP en Côte d’Ivoire, c’est un peu plus de 33 000 emplois directs et le GIBTP représente à lui seul 80% du chiffre d’affaires global. Le capital humain est donc au cœur du dispositif.
Aujourd’hui l’inadéquation Formation-Emploi est une réalité générale et le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics n’échappe pas à cette situation. Nos entreprises ont confirmé cet état lors de la récente étude que nous avons diligentée ; elles pâtissent de cette incohérence qui affecte la compétitivité.
A cet effet, le GIBTP sous l’impulsion de son Président, Monsieur Philippe EPONON, mise sur la création très prochaine du Centre de Formation aux métiers des Travaux Publics pour y apporter une solution durable.
La formation à un rôle important à jouer pour corriger l’incohérence apparente de compétences, notamment pour les niveaux de compétences tels que les Techniciens, conducteurs d’engin, conducteurs de travaux, mécaniciens engins, ouvriers et techniciens spécialisés, dont le besoin est de plus en plus croissant au sein de nos entreprises. Le Programme Formation /Apprentissage, qui se traduit par un enseignement théorique complété par celui dispensé en entreprise et sur le terrain, est donc un véritable passeport pour l’emploi car il répond aux besoins actuels des entreprises.
Par rapport à la formation par apprentissage, est-ce qu’en CI les Entreprises de BTP se sont investies aussi dans l’apprentissage ? Recruter et former des jeunes pour pouvoir augmenter leur niveau de formation et rendre de manière durable les effectifs de l’entreprise ?
Le secteur du Bâtiment rassemble aujourd’hui un assez grand nombre de lignes de métiers. Nos entreprises recherchent de plus en plus de travailleurs compétents et qualifiés, pour offrir des services de qualité. Ce qui est difficile à trouver. Plusieurs initiatives et projets ont été initiés dans le cadre de la vulgarisation de la formation par apprentissage sans vraiment grands effets. Pour nous entreprises du secteur du BTP, il faut repenser le modèle. Il faut nécessairement rapprocher le monde académique de l’entreprise car la formation professionnelle par apprentissage est un levier indispensable pour la compétitivité des entreprises du BTP en proie à des évolutions techniques, technologiques.
Le secteur doit sans cesse s’adapter pour faire évoluer les métiers et les qualifications. C’est dans cette dynamique que nos entreprises se sont inscrites et, avec nos partenaires, notamment l’INPHB, nous nous investissons à développer des formations afin de nous adapter aux mutations de notre écosystème mais surtout permettre aux apprenants de s’intégrer plus facilement à la vie et la culture d’entreprise.
Comment voyez-vous l’avenir du BTP en Côte d’Ivoire ?
Avec plutôt beaucoup d’optimisme. Globalement, l’année 2020 a été marquée par une chute d’activité importante et imprévisible pour le secteur fortement impacté par la Covid et les premiers confinements. Notre secteur connait une croissance annuelle de 26% depuis 2012, l’un des plus dynamique de la sous-région. Le secteur s’est montré un peu plus résilient que la moyenne. La configuration du marché a changé. Le BTP, longtemps soutenue par l’investissement publics est maintenant surpassé par les investissements privés et de nombreux projets issus des partenariat publics privés avec des conditions d’accès beaucoup plus favorables.
Dans les années à venir, le marché de la construction et des BTP devrait continuer de croître, compte tenu des chantiers prioritaires du gouvernement pour remédier à la pénurie de logements et à la réfection des infrastructures dans tout le pays et bien d’initiatives publics-privées élaborées dans le PND 2021-2025. Le carnet de commande devrait donc se redresser à un niveau équivalent à celui d’avant – crise.
Les professionnels de la construction et de la promotion immobilière constatent une amélioration de leurs carnets de commande en plus des chantiers engagés avant la crise.
Toutefois, il s’agit encore de conjectures. Restons prudents sur la vision d’avenir. Elle est intimement liée à l’évolution de l’épidémie avec l’espoir de l’éradication de la Covid 19 qui permettra à notre secteur d’ouvrir la perspective de la concrétisation rapide de ces multiples projets en toute sérénité.