Discours du Pdt JMA – Green Business Forum COP15
Le 10 mai 2022
Mesdames, Messieurs,
C’est avec un réel plaisir que je prends la parole devant cette distinguée assemblée, à l’occasion de ce Green Business Forum qui se tient en marge de la quinzième session de la Conférence des Parties (COP15) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD).
La Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), organisation cardinale du Secteur Privé ivoirien tient, par ma voix, à vous souhaiter une chaleureuse et cordiale bienvenue en Côte d’Ivoire à toutes les délégations venues de l’étranger, pour prendre part à la Cop15 et à cet important Green Business Forum qui constitue pour le secteur privé du monde, une opportunité pour discuter et échanger sur des approches et des expériences en matière de gestion durable des terres et de pérennité des chaines de valeur.
En effet, nous sommes aujourd’hui réunis autour d’un objectif principal qui est celui de trouver ensemble, les voies et moyens pour exploiter de manière vertueuse, les opportunités qu’offrent aux entreprises, la transition vers la durabilité et la neutralité des terres pour les principaux produits de base dont le mode de production a accéléré la déforestation et la dégradation des sols.
La gravité de la situation n’échappe plus à personne et indique à quel point il est urgent d’agir, gouvernements, entreprises, sociétés civiles, partenaires financiers et techniques. Plus de 40 % des terres du globe sont dégradées. Une situation qui affecte 4 milliards de personnes et devrait coûter, selon les estimations, 23 000 milliards de dollars d’ici à 2050.
En Afrique, près des deux tiers des terres sont aujourd’hui dégradées. Environ 4 millions d’hectares de forêt disparaissent chaque année en Afrique du fait notamment de la recherche effrénée de sols fertiles, de l’exploitation minière et de la collecte de bois. Ce qui représente, selon les statistiques, une diminution annuelle de 3 % du PIB du continent !
En Côte d’Ivoire, un dixième des terres se sont dégradées entre 2000 et 2011, essentiellement à cause de l’agriculture intensive. Et la dégradation des terres se poursuit à un rythme accéléré du fait, entre autres, de la non-durabilité de la production agricole, en particulier en ce qui concerne les cultures de rente. Selon les statistiques, la déforestation induite par la production agricole intensive a un impact direct sur les microclimats locaux tributaires de forêts aujourd’hui en voie de disparition : le couvert forestier de la Côte d’Ivoire n’est plus que de 8 %. Et la disparition des forêts se poursuit, certaines estimations fondées sur l’imagerie satellitaire indiquant que jusqu’à 2 % des forêts restantes ont disparu entre 2019 et 2020. Cette situation, conjuguée à l’épuisement des sols a entraîné la dégradation d’environ 60 % des terres arables ivoiriennes, entraînant une baisse inquiétante de la productivité agricole sur plusieurs parcelles dans le pays.
Mesdames et Messieurs,
Le secteur privé ivoirien n’est pas resté inerte face à ce désastre.
En effet, notre secteur privé est fortement engagé dans les toutes les actions en matière de changement climatique introduits dans le Plan National de Développement 2021-2025 de la Côte d’Ivoire. Ces actions passent nécessairement par le renforcement de la résilience des entreprises, par des actions au niveau de leur dispositif organisationnel et des outils de mise en œuvre.
En outre, le secteur privé de la Côte d’Ivoire a participé à l’élaboration du CDN (Contribution Déterminée au niveau National) de la Côte d’Ivoire et s’est engagé à participer à la réduction de 30,41% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Dans ce cadre, des initiatives ont été prises par les entreprises au niveau du reboisement par la conversion d’un million d’hectares de forêt d’ici 2030, par la participation au programme du gouvernement concernant le développement de l’agroforesterie. Il faut ajouter à ces initiatives les actions visant la réduction du brûlage à ciel ouvert des résidus agricoles en les utilisant dans la production d’énergie à base de biomasse.
Toutes ces initiatives du secteur privé contribueront assurément à stopper la dégradation des sols et à garantir leur restauration, pour les rendre plus productifs.
Je n’ai pas de doute que ces différentes actions du secteur privé ivoirien seront également renforcées par le Abidjan Legacy Programme initié par la Côte d’Ivoire à destination de l’ensemble de la planète. En Côte d’Ivoire, ce programme devrait contribuer à réduire la dégradation des ressources foncières et forestières grâce au double objectif d’assurer des capacités de production plus durables dans les chaînes de valeur existantes, tout en identifiant, développant et mettant en œuvre de nouvelles chaînes de valeur capables de résister à l’impact du changement climatique et de soutenir une transition régénératrice des systèmes productifs.
La CGECI est d’autant plus solidaire de cet ambitieux Programme, qu’elle accorde une part importante au nécessaire partenariat public-privé national et international renforcé, pour aider à la réalisation des objectifs de restauration des Nations Unies.
La réussite de cette noble ambition nécessite, toutefois, des moyens financiers conséquents qu’il faudra mobiliser et utiliser de façon équitable. Cela passe, au niveau national par des actions de renforcement de capacité des entreprises, et au niveau international par la simplification des critères d’accès à la finance climatique et l’accès plus aisé aux technologies base carbone, principal gage de mise en œuvre d’innovations durables pour protéger les sols et réhabiliter les terres.
Le présent Forum nous offre l’opportunité de lancer un appel au respect des engagements financiers déjà pris, et à la mobilisation de nouveaux moyens, tels les financements verts innovants, qui permettront notamment aux entreprises de créer de nouveaux produits et solutions innovantes et durables plus soucieux de l’environnement. Et aussi, de soutenir et accompagner les entrepreneurs locaux afin qu’ils investissent davantage dans des programmes de restauration des terres permettant de parvenir à la neutralité en matière de dégradation des terres.
C’est sur cette exhortation que je voudrais clore mon propos en souhaitant plein succès à ce Forum.
Merci de votre aimable attention !