« Les classes moyennes, levier de développement du secteur privé ? ». C’est autour de cette thématique que le Patronat Ivoirien et des responsables de l’Agence Française de Développement (AFD) ont échangé le vendredi 15 décembre 2017, à la Maison de l’Entreprise, sise à Abidjan-Plateau. La table ronde a été suscitée par une étude réalisée pour l’AFD par LAM Science Po Bordeaux, GReTha Université de Bordeaux et Ecole Nationale Supérieure de Statistique et d’Economie Appliquée (ENSEA). Intitulée « Le réveil des classes moyennes ivoiriennes ? », l’étude, présentée par Jean Philippe Berrou, chercheur au sein du Laboratoire les Afriques dans le monde (LAM), révèle que les classes moyennes ivoiriennes représentent 26,4% de la population. Chiffre obtenu à partir de l’analyse de la distribution des revenus des ménages ivoiriens (4 personnes par ménage) en 2015. Revenus compris entre 95500 et 455 000 francs CFA. Dans les explications de M. Berrou, on note également que les classes moyennes ivoiriennes sont majoritairement issues du secteur informel. Leur classification donne 5 groupes : les travailleurs informels (39%), les agriculteurs informels (25%), les dirigeants et cadres du secteur public (17%), les retraités inactifs (15%), la classe intermédiaire formelle (4%).
Toute chose qui a soulevé quelques inquiétudes au sein des représentants du secteur privé ivoirien présents à la table ronde, en l’absence d’indicateurs formels sur le pourcentage de la classe moyenne capable d’impacter l’économie ivoirienne. Leurs appréhensions sont principalement basées sur le fait que l’étude se soit basée sur les revenus. Tout en reconnaissant l’opportunité de l’étude, qui est un bon point de départ, les différents intervenants estiment qu’elle devrait prendre en compte la dimension consommation, faire une bonne analyse de consommation serait l’idéal pour définir les classes moyennes. D’autres ont aussi mis en relief le fait que toutes les zones géographiques de la Côte d’Ivoire ont été mises dans un même panier. « On ne peut pas bâtir une stratégie d’émergence sur cette classe moyenne. Elle est trop aléatoire, ça pose un problème de durabilité(…) Il ne faut pas faire un focus sur la classe moyenne. Il faut construire une classe moyenne qui consomme pour dynamiser l’économie», a indiqué le Président du Groupement des Opérateurs du secteur des Technologies de l’information et de la Communication (GOTIC) et administrateur à la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), Patrick Mbengue.
Comment alors transformer la classe moyenne de revenus en classe moyenne de consommation capable d’impacter l’économie ?
A sa suite, M. Mihoub Mezouaghi, Directeur adjoint de l’innovation et de la recherche à l’AFD Paris, a indiqué que les leviers d’augmentation des revenus existent. Cela passe tout d’abord par le renforcement du mécanisme de cohésion sociale, de redistribution sociale mais aussi la promotion de l’auto-entreprenariat ; cela permettra d’augmenter le niveau consommation.
A l’ouverture des travaux de la table-ronde, le Directeur Exécutif de la CGECI, Dr Vaflahi Méité, a exprimé l’espoir que les résultats de l’étude pourront aider le secteur privé dans son dialogue avec les pouvoirs publics.