Le manque d’infrastructures, le nécessaire engagement du secteur privé, les entraves encore importantes à la libre-circulation des personnes… Autant d’obstacles à dépasser pour que la zone de libre-échange continentale devienne une réalité, ont estimé, selon le site d’informations en ligne jeuneafrique.com, des personnalités telles que S.E.M Paul Kagame, l’Economiste Bissau-guinéen Carlos Lopes ou encore Président Exécutif d’Orascom Investment Holding, lors de l’ouverture des débats du Africa CEO Forum le 25 mars 2019 à Kigali, au Rwanda.
« Il y a un an, 44 pays annonçaient leur intention de former ensemble la Zone économique de libre-échange continentale (Zlec), et depuis, 21 États l’ont ratifiée, mais énormément reste encore à faire », a rappelé dès l’ouverture de l’Africa CEO Forum, le chef d’État rwandais, S.E.M Paul Kagame, pour qui une large part des difficultés à la mettre en place viennent de la politique, a affirmé jeuneafrique.com.
Pour ce site web, le Président rwandais a notamment évoqué les tensions actuelles entre son pays et l’Ouganda qui ont un impact négatif sur le commerce régional et les économies des deux États. « Les frontières africaines, héritées de la colonisation, sont artificielles, il nous faut parvenir à les dépasser », a estimé pour sa part Mme Sahle-Work Zewde, la présidente éthiopienne, dont le pays est le 21e à avoir ratifié dernier l’accord de création de la ZLEC, en février 2019.
La libre-circulation, une condition nécessaire
Le Nigérian Abdulsamad Rabiu, patron du conglomérat BUA Group, a expliqué que son pays prenait son temps pour rejoindre la zone de libre-échange du fait de l’expérience difficile de la mise en œuvre d’accords semblables à l’échelon Afrique de l’Ouest, parfois défavorables aux groupes nigérians, concurrencés par les importateurs.
Le dirigeant a toutefois estimé inéluctable, qu’à terme, le Nigeria devienne un membre à part, indiquant qu’un Comité avait été mis en place par le Président Muhammadu Buhari pour étudier le sujet, associant notamment des personnalités du monde des affaires. Pour le Président Exécutif de BUA Group, « la première nécessité est avant tout la libre-circulation des Africains sur le continent, ce qui est loin d’être une réalité, puisqu’aujourd’hui, seuls le Rwanda et les Seychelles mettent ce principe en application ».
L’Égyptien Naguib Sawiris, présent notamment dans les télécoms, l’immobilier et le secteur minier, a fait valoir quant à lui la nécessité que les institutions financières internationales jouent un rôle plus actif dans le financement des infrastructures logistiques nécessaires à l’intégration régionale.
Belle progression
« La plupart d’entre nous investissons quand les infrastructures sont là », a-t-il affirmé, regrettant que le rôle des entreprises dans la création d’emplois ne soit pas suffisamment reconnu par les gouvernements africains. Reconnaissant l’importance de jouer un rôle proactif pour porter une partie des risques, M. Philippe Le Houérou, Directeur Général d’IFC (la branche dédiée au financement du secteur privé de la Banque mondiale) a estimé qu’un grand nombre d’infrastructures devaient nécessairement être bâties et gérées par des groupes privés, sans lesquelles elles ne deviendront pas une réalité, par exemple dans la production et distribution d’électricité.
Pour l’économiste Carlos Lopes, parmi ces investisseurs privés, les groupes africains représentent déjà une part importante et sont plus efficaces que les autres : « Conjointement, l’Afrique du Sud et le Maroc représentent davantage d’investissements sur le continent que l’Inde », s’est-il réjoui.
Et l’économiste d’appeler les participants à l’Africa CEO Forum à poursuivre les efforts pour accélérer l’intégration économique du continent, qui, une année après la signature de la Zlec début 2018, a déjà progressé plus rapidement que nombre d’autres zones du monde.
Pour sa septième édition, les 25 et 26 mars 2019, l’AFRICA CEO FORUM a donc choisi de réunir ses 1 500 participants autour d’un véritable agenda de transformation… Quelles priorités pour doper les échanges et investissements intra-régionaux ? Que peut faire une Afrique unie pour mieux protéger ses intérêts et ses industries? Comment s’assurer de la pleine implication du secteur privé dans les projets d’infrastructures et de logistique transfrontaliers ? Quels enseignements tirer de la Communauté d’Afrique de l’Est – modèle régional considéré comme le plus avancé – alors qu’il est aujourd’hui confronté à ses premières tensions ? Comment accélérer l’émergence d’une réelle industrie continentale des services financiers ?
Pendant deux jours, à travers une quarantaine de panels, d’ateliers public-privé et de cas pratiques, dirigeants et actionnaires d’entreprises, investisseurs, Chefs d’Etat et Ministres débattront de ces sujets mais aussi d’autres enjeux pour le secteur privé africain tels que l’accès des femmes dirigeantes aux conseils d’administration ou encore la modernisation de la gouvernance des entreprises familiales. Avec, pour l’AFRICA CEO FORUM et ses participants, une ambition claire : faire de l’intégration économique du continent un atout puissant pour la croissance du secteur privé et l’émergence de nouveaux champions africains !
Notons que le Président de la CGECI, M. Jean-Marie Ackah prend part à la septième édition de l’AFRICA CEO FORUM.