La question de l’adéquation Formation-Emploi était au centre d’un atelier de restitution d’études le 22 mai 2019 à la Maison de l’Entreprise.
Le Président de la Commission Formation Professionnelle et Recherche, M. N’Dri Koffi, par ailleurs Président du Conseil National des Branches Professionnelles dans le cadre de la réforme de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle a présenté l’objectif de cet atelier. « Nous sommes réunis pour la restitution d’études commandées et suivies par le BIT et la CGECI. Il s’agit de présenter les offres de formation, faire l’état des lieux de la formation professionnelle en Côte d’Ivoire ». « C’est surtout de voir toutes les compétences identifiées et mettre celles-ci en adéquation avec les besoins économiques du secteur privé », a t-il ajouté.
Il a expliqué que ces études sont importantes dans la mesure où dans le cadre de cette réforme, l’adéquation Formation-Emploi reste l’élément fondamental. « Il s’agit de faire en sorte que les produits qui sortent de l’Enseignement technique soient opérationnels et acceptés par le secteur productif ». Parce que la raison de cette convention, a-t-il justifié, « c’est que nous nous sommes rendus compte que les produits de la formation qui sont mis à la disposition des entreprises ne conviennent pas du tout à leurs besoins ». Il a donc été convenu qu’ensemble avec les acteurs en charge de la Formation professionnelle, c’est-à-dire l’entreprise et l’école se mettent ensemble pour essayer de voir le type de formations qu’il faut mettre en place, à la disposition des jeunes pour qu’une fois sortis, ils ne soient pas des chômeurs qu’on forme mais faire en sorte que ce soit des jeunes qui soient aptes au travail. C’était l’intérêt de l’atelier, selon M. N’Dri.
Pour lui, il faut déjà dans le cadre de la réforme, connaitre l’économie nationale. On forme pour qui ? Pour quoi ? C’est ainsi que l’économie nationale elle-même a été structurée dans ce qu’on a appelé « les Branches Professionnelles ». Dans cette segmentation, l’on identifie les métiers qui existent, les métiers d’avenir et même jusqu’à faire de la prospective. Chaque Branche (elles sont 13 au total) a son répertoire métiers et ce répertoire permet de mettre en place des formations qui conviennent, de détecter les compétences afin de les mettre à la disposition du secteur privé.
Se prononçant sur l’objet de la Plateforme Formation, un outil qui a été présenté au cours de cette session, il a indiqué qu’elle constitue une rencontre. L’école dans l’entreprise et vice-versa. Ceci, pour mieux cerner les besoins de l’entreprise afin d’adapter convenablement les formations et les compétences qu’il faut. Cette plateforme, a-t-il souligné, tient une place de choix dans la mise en place de la réforme.
Il estime que les acquis au niveau de la réforme sont les branches professionnelles. Pour la bonne marche de cette initiative, il a invité toutes les entités issues de la Plateforme à contribuer à l’aboutissement de ce projet. « Nous, Secteur Privé, sommes persuadés que la réussite de la question de l’emploi va trouver solution en grande partie grâce à cette réforme, grâce aux branches professionnelles ». C’est sur ces notes d’espoir que le Président N’Dri a exprimé l’engagement du Secteur Privé.
Commandées par le BIT et la CGECI, ces études présentées par des consultants que sont MM. José N’Guessan et Koné Koko Siaka pour le compte du Bureau International du Travail (BIT) et Sé Joas pour celui de la CGECI, ont évoqué les emplois susceptibles de disparaitre ou qui doivent nécessairement s’adapter aux besoins du moment et conclu que l’adéquation peut se faire au niveau des potentialités de chaque localité. Ceci fait appel à une implication des conseillers régionaux. Les participants ont aussi soulevé la question de la qualité des structures de formation et le recyclage des entreprises qui passe par l’intégration du digital.
L’Organisation Internationale du Travail (OIT) au service de la justice sociale et du Travail Décent depuis maintenant un centenaire a aussi pris part à cette activité. « Les compétences d’aujourd’hui ne correspondront pas aux emplois de demain et les compétences nouvellement acquises peuvent rapidement devenir obsolètes », a prévenu Mme Julie Kazagui, Spécialiste technique principale Activités pour les Employeurs ACT/EMP de l’OIT basée à Dakar. A l’en croire, l’intelligence artificielle est en train de transformer le travail d’où la nécessité pour les Etats africains et les entreprises à s’adapter. Et Mme Kazagui a rappelé que les Organisations d’employeurs doivent se faire entendre y compris les PME sur la problématique de l’actualisation des systèmes éducatifs en fonction des besoins en compétences. Pour elle, il faut que « la prochaine génération de travailleurs soit dotée de compétences requises par les entreprises de toutes tailles ».
Dans la démarche de recherche de développement et pour faire faire face aux différentes mutations, elle a exhorté les Organisations d’employeurs à anticiper sur ces mutations.
Présentation de la Plateforme Formation
La Plateforme métiers et formations (www.metiersformations.ci) a pour objet d’orienter les compétences. C’est-à-dire des personnes qui ont acquis un savoir-faire vers des opportunités du marché de l’emploi, M. Sé Joas, Directeur général de Isna et concepteur de la plateforme a ainsi présenté l’outil. Naturellement, « nous savons que ce marché est dynamique donc il y a des emplois qui vont disparaitre justement par rapport à la transformation digitale et de nouveaux qui se créent. Il faut alors orienter ces jeunes vers les opportunités nouvelles qui se créent justement du fait de ce mouvement sur le marché l’emploi, les amener à retrouver les centres de formation qui forment à des métiers d’avenir et aussi les encadrer dans la mise en relation avec des recruteurs que ce soit des Gestionnaires en Ressources Humaines (GRH) ou des cabinets de recrutement ».
La plateforme a une version web et dispose aussi d’une application mobile qui l’accompagne de sorte que les utilisateurs n’aient pas à se connecter à tout moment mais puissent interagir à partir de leurs smartphones.
« Vous vous inscrivez. Vous créez un compte sur le site si vous êtes demandeur d’emploi, et la même démarche pour le recruteur. Une fois connecté, vous êtes dans un espace qui vous est dédié : (espace candidat/ espace recruteur) », a expliqué le concepteur. L’une des spécificités de cette plateforme « c’est que derrière est mis en place de l’intelligence artificielle », a-t-il ajouté.
« Quand quelqu’un vient avec un CV, on ne lui demande pas de renseigner les formulaires comme cela se fait sur les plateformes classiques en précisant ses compétences, ses aptitudes, ses talents. Il suffit au candidat de poster le CV et derrière l’intelligence artificielle va faire le traitement, récupérer les informations stratégiques, aller fouiller dans la base de données des opportunités d’emplois et les lui retourner immédiatement », s’est-il attelé à expliquer le dynamisme de l’interaction entre le demandeur d’emploi et le recruteur.
Un autre point qu’il a mentionné, c’est que cette plateforme est censée agréger les opportunités d’emplois qui sont retenues par les partenaires. « Aujourd’hui, il y a plusieurs cabinets de recrutement qui détiennent des informations sur des compétences, des opportunités d’emplois. « La plateforme va agir comme ce qu’on appelle un métamoteur de recherche. C’est-à-dire qu’à la fois, elle va fouiller dans sa propre base de données mais a la possibilité d’aller interroger les bases de données partenaires pour ressortir le meilleur profil afin que les recruteurs puissent être en contact avec un besoin qu’ils cherchent », a détaillé M. Sé.
« Nous avons invité les partenaires tels que le RIGRH à utiliser la plateforme, à y poster des informations sur les opportunités d’emplois et cela va avoir l’effet boule de neige d’attirer davantage de demandeurs d’emplois, de candidats qui viendront eux aussi déposer leurs profils et ainsi de suite nous allons atteindre un certain dynamisme qui nous permettra ensuite d’extraire des statistiques du marché de l’emploi vu du secteur privé. La plateforme est disponible, elle est en ligne, a-t-il rassuré.